vendredi 11 juillet 2025

Présidentielle 2026 au Bénin : Kamel Ouassagari, l’outsider qui perturbe le duel Houndété–Atchadé

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À moins d’un an de l’élection présidentielle prévue en 2026, le paysage politique béninois entre dans une phase d’effervescence stratégique. Alors que le parti d’opposition Les Démocrates semblait s’acheminer vers une confrontation interne classique entre deux poids lourds (Éric Houndété et Nourénou Atchadé) une troisième figure émerge avec une trajectoire singulière : celle de Kamel Ouassagari. Député, intellectuel engagé et membre du Parlement de la CEDEAO, il s’impose comme le “troisième homme” capable de redistribuer les cartes.

Un héritage politique discret

Fils d’Abiba Dafia Ouassagari, ancienne maire de Kérou, et frère jumeau de Kamar Ouassagari, actuel secrétaire administratif du parti Les Démocrates, Kamel Ouassagari bénéficie d’un double ancrage : local et partisan. Formé en sociologie et en statistique, ancien cadre de l’administration publique, il est élu député en 2023. D’abord peu connu du grand public, il se distingue rapidement par une activité parlementaire soutenue, notamment sur des questions institutionnelles sensibles telles que la réforme du Code électoral, la gouvernance démocratique ou encore la justice sociale.

Son ton critique, sans concession, séduit l’ancien président Boni Yayi, fondateur du parti, avec qui il entretient des échanges réguliers. Certaines sources internes indiquent que Yayi lui transmettrait parfois directement, par téléphone, les orientations de ses interventions à l’Assemblée.

Une stratégie d’influence régionale au Parlement de la CEDEAO

Membre actif du Parlement de la CEDEAO, Ouassagari adopte une posture peu commune pour un élu béninois : il s’emploie à bâtir une stature régionale. Il a récemment distribué à ses homologues ouest-africains une série de documents programmatiques bilingues portant sur la gouvernance, la transparence électorale et la justice sociale. Une démarche inédite qui traduit une ambition claire : inscrire sa candidature potentielle dans une dynamique sous-régionale.

En arrière-plan, cette initiative vise également à tisser un réseau de soutien politique et financier en vue des échéances électorales à venir. Des alliances discrètes, mais déterminantes.

Le virage numérique : un projet de société en construction publique

Depuis plusieurs semaines, Ouassagari a amorcé une stratégie numérique offensive. À travers des vidéos générées à l’aide d’intelligence artificielle et diffusées sur les réseaux sociaux, il dévoile progressivement les piliers de son projet de société. L’approche est ciblée, les messages clairs, les visuels travaillés.

LIRE AUSSI : Privé : Bénin : Entre Houndété, Atchadé, Ouassagari et Nasser Yayi, qui portera la voix du parti Les Démocrates pour la présidentielle de 2026 ?

Réconciliation nationale et justice réparatrice

Sous le slogan « Réconciliation = Développement social durable », il dénonce la fracture sociale qu’il impute au régime en place : exilés politiques, détenus d’opinion, familles brisées.

Parmi ses engagements :

  • Libération des prisonniers d’opinion.
  • Retour sécurisé des exilés politiques.
  • Mise en place d’un programme de justice réparatrice et d’aide psychologique.

« On ne bâtit pas une nation sur l’humiliation. Le Bénin a besoin d’unité pour retrouver le chemin de la prospérité »

Cette position suscite toutefois le débat. Certains analystes estiment qu’il faut distinguer les détenus politiques présumés des figures poursuivies pour des faits de droit commun. Le gouvernement, de son côté, a toujours rejeté l’existence de prisonniers politiques dans le pays.

Solidarité territoriale et inclusion sociale

Avec le mot d’ordre « Un Bénin qui ne laisse personne de côté », Ouassagari promet :

  • Un soutien accru aux groupements de femmes rurales.
  • Des fonds dédiés aux micro-projets pour jeunes, femmes et personnes en situation de handicap.
  • Une politique d’intégration économique des communes rurales et périphériques.

« Notre vision sociale repose sur l’équité territoriale et la dignité pour tous ».

Indépendance énergétique et accès à l’eau

Partisan d’une “détalonisation énergétique” du Bénin, il milite pour une souveraineté énergétique fondée sur :

  • L’exploitation de la biomasse agricole.
  • Le déploiement massif du solaire.
  • L’exploration de la géothermie.

Il associe cette transition à un vaste programme d’accès à l’eau potable : puits solaires, stations de filtration et récupération des eaux de pluie figurent dans son plan.

Santé gratuite et humanisée

Son projet de réforme sanitaire repose sur le triptyque « gratuité, proximité, dignité » :

  • Gratuité de la dialyse, des césariennes et des soins d’urgence.
  • Construction de centres de santé dans chaque arrondissement.
  • Reconnaissance de la médecine traditionnelle.
  • Coopérations médicales renforcées avec Cuba et l’Inde.

LIRE AUSSI : Bénin : Vive les députés démocrates à l’assemblée nationale !

Ni noyau dur, ni outsider complet : un positionnement hybride

Ouassagari ne se réclame d’aucune des deux factions dominantes au sein du parti Les Démocrates : ni celle d’Éric Houndété, ni celle de Nourénou Atchadé. Cette neutralité apparente lui confère une position stratégique de “candidat de compromis”, en cas de blocage entre les deux camps.

Sur le terrain, il capitalise sur un solide enracinement dans la 4e circonscription électorale, appuyé par le réseau local de sa famille. Il cherche aussi à affaiblir son principal rival local, le député Adam Sounon Kondé, dans une bataille d’influence discrète mais bien réelle.

Soutenu par une frange du parti proche de Boni Yayi, lassée des querelles internes et en quête d’une figure nouvelle, il pourrait incarner une synthèse générationnelle et idéologique.

Une montée en puissance méthodique

Kamel Ouassagari ne s’est pas encore officiellement déclaré candidat à l’investiture du parti. Mais ses actions s’inscrivent sans ambiguïté dans une logique de pré-campagne structurée, articulée autour de trois axes : parlementaire, régional et numérique.

Encore peu connu du grand public, il lui reste à franchir un cap décisif : traduire ses ambitions en visibilité nationale et convaincre l’appareil du parti qu’il peut incarner une alternative crédible au duel annoncé. Car il ne pourra pas miser uniquement sur un vote-sanction contre le pouvoir en place qui a un bilan solide. Il devra incarner un espoir positif, porteur d’un projet rassembleur.

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