Depuis plusieurs mois, les réseaux sociaux béninois résonnent d’appels à la solidarité pour sauver des vies. Des jeunes, parfois à peine âgés de 20 ou 30 ans, en insuffisance rénale chronique, sollicitent l’aide financière du public pour accéder à des séances de dialyse devenues vitales. Cette recrudescence de cas soulève une question urgente : que faisons-nous, collectivement, pour prévenir cette hémorragie sanitaire silencieuse ?
Une urgence sanitaire sous-estimée
L’insuffisance rénale chronique (IRC), souvent diagnostiquée tardivement, est le résultat d’une dégradation lente mais irréversible des reins. Elle affecte aujourd’hui des personnes de plus en plus jeunes au Bénin, alors qu’elle était autrefois plus fréquente chez les personnes âgées. Les causes sont multiples, mais de nombreux cas pourraient être évités si la population était mieux informée, mieux accompagnée, et si les comportements à risque étaient sérieusement remis en question.
Facteurs de risque évitables : une bombe à retardement
Plusieurs habitudes du quotidien contribuent à la détérioration progressive de la santé rénale :
• Consommation excessive de sel, notamment à travers les bouillons cubes, les grillades, les sauces industrielles, les snacks salés ;
• Hypertension artérielle et diabète non contrôlés, qui détruisent lentement mais sûrement les reins ;
• Automédication abusive, avec des anti-inflammatoires, des antibiotiques ou des décoctions aux effets toxiques sur les reins ;
• Alcool frelaté et alcool en sachet, très répandus chez les jeunes, à forte toxicité rénale et hépatique ;
• Chicha, cigarettes électroniques et drogues douces ou dures, dont les effets nocifs sur les reins et l’ensemble de l’organisme sont encore sous-estimés ;
• Mélanges dangereux de boissons énergétiques, d’alcool et de médicaments, pratiqués en milieu festif ou entre pairs, souvent sans connaissance des conséquences ;
• Consommation croissante de substances psychoactives (tramadol, codéine, pilules diverses), parfois pour des performances sexuelles ou scolaires, qui empoisonnent silencieusement l’organisme ;
• Déshydratation chronique, car l’eau est délaissée au profit de boissons sucrées ou alcoolisées ;
• Alimentation déséquilibrée, riche en graisses saturées, sucres rapides et produits industriels ;
• Sédentarité, favorisée par le temps passé sur les écrans, et qui aggrave les risques de diabète et d’hypertension.
Ces pratiques ne sont pas des choix anodins ou “à la mode”. Ce sont, à terme, des chemins directs vers des maladies chroniques coûteuses, invalidantes, voire mortelles.
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Une jeunesse en danger, mais encore mobilisable
Il est urgent que le discours sur la santé rénale sorte du jargon médical pour devenir une conversation publique. Les jeunes doivent être interpellés directement. L’insuffisance rénale n’épargne plus personne. Ce n’est ni une maladie de vieux, ni une fatalité. C’est souvent le résultat d’un quotidien d’excès, de négligence ou de désinformation.
Prévenir, c’est parler vrai, dans les marchés, les lycées, les universités, les émissions radio, les réseaux sociaux, les groupes WhatsApp. Les artistes, les influenceurs, les pasteurs, les imams, les associations de jeunes doivent aussi être partie prenante du combat.
Ce que nous recommandons
Nous appelons à :
1. Des campagnes de sensibilisation ciblées, dans les écoles, les médias et les lieux de divertissement fréquentés par les jeunes ;
2. La valorisation de l’eau et d’une alimentation saine, contre les boissons toxiques et les repas déséquilibrés ;
3. Un accès facilité aux contrôles médicaux de base : tension artérielle, glycémie, fonction rénale ;
4. Des actions publiques contre la vente libre de substances psychoactives, d’alcool en sachet, et contre les publicités trompeuses sur les boissons énergisantes ;
5. La mise en place de points de dépistage précoce et de consultations préventives accessibles dans les communes et quartiers ;
6. Un discours politique fort sur la prévention, inscrit dans les priorités nationales de santé publique.
Une cause nationale
L’explosion silencieuse des cas d’insuffisance rénale doit être traitée comme une crise nationale de santé publique. La prévention est notre seule arme efficace et durable. Il en va de la vie de nos enfants, de nos frères, de nos amis. Chaque appel à l’aide diffusé sur Facebook est un cri de détresse qui aurait pu être évité.
Agissons, maintenant. Avec courage, avec pédagogie, avec solidarité.
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