Aujourd’hui, les électeurs syriens se rendent aux urnes pour élire leurs députés au Majlis Al-Shaab, le Parlement syrien, dans un scrutin marqué par une profonde division et une tentative de légitimation du pouvoir en place.
Depuis le début de la guerre civile en 2011, c’est la quatrième fois que de telles élections sont organisées, mais leur portée démocratique est largement contestée. Le parti Baas, au pouvoir depuis des décennies sous la direction de Bashar el-Assad, domine systématiquement ces élections, bien que leur légitimité soit remise en question par une partie de la communauté internationale et de l’opposition syrienne.
Le territoire sur lequel se déroulent ces élections est lui-même morcelé. À Damas et dans les zones contrôlées par le gouvernement, le scrutin est orchestré sous l’ombre d’un pouvoir central affaibli, tentant de maintenir son contrôle sur environ 70% du pays. Cependant, des régions comme Idleb, réduite sous l’emprise de groupes islamistes comme Hayat Tahrir al-Sham, et le nord-est, sous administration kurde semi-autonome, échappent largement au contrôle de Damas.
Cette fragmentation illustre une crise de gouvernance majeure en Syrie, où différentes entités rivales administrent des territoires fragmentés. Arthur Quesnay, chercheur en sciences politiques, souligne que « l’année 2024 est marquée par une crise de la légitimité, obligeant les acteurs locaux à recourir aux urnes pour tenter de restaurer leur crédibilité ». Pourtant, ces élections se tiennent sans la participation de millions de réfugiés syriens, privés de leur droit de vote après avoir fui le conflit dévastateur.
En parallèle, les tentatives de normalisation de la Syrie avec ses voisins et au sein de la communauté internationale ont jusqu’ici échoué. Malgré les efforts de certains pays arabes pour réintégrer le régime de Bashar el-Assad dans le concert régional, la Syrie reste isolée et confrontée à des défis économiques et sécuritaires majeurs.
Ces élections, donc, ne semblent pas seulement être un exercice démocratique formel, mais plutôt une tentative désespérée de légitimation pour un régime fragilisé, dépendant de l’aide militaire russe et iranienne pour se maintenir en place. Dans un pays déchiré par la guerre depuis plus d’une décennie, l’issue de ce scrutin ne fera que refléter une réalité complexe et divisée, loin d’une résolution rapide ou d’une stabilisation durable.
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