Alors que le conclave s’est ouvert dans la solennité de la chapelle Sixtine, une question intrigue fidèles et observateurs : comment, concrètement, les cardinaux élisent-ils le prochain souverain pontife ? Entre rite sacré, silence absolu et procédures minutieusement codifiées, le vote papal est l’un des processus électoraux les plus secrets et les plus ritualisés au monde.
Un tirage au sort pour encadrer le vote
Le premier acte du conclave consiste à désigner, par tirage au sort parmi les cardinaux présents, les neuf hommes qui encadreront le scrutin : Trois scrutateurs chargés de superviser les votes et le dépouillement, Trois infirmarii, qui iront recueillir les suffrages d’éventuels cardinaux malades restés dans leur chambre,
Trois réviseurs, qui vérifieront l’exactitude du dépouillement.
Ce système collégial vise à garantir la transparence du processus… au sein même du secret.
Un bulletin manuscrit et une déclaration solennelle
Chaque cardinal inscrit de sa main, sur un bulletin préimprimé, le nom de son candidat sous la formule latine « Eligo in Summum Pontificem… » (« J’élis comme souverain pontife… »). Bien que, théoriquement, tout homme catholique non marié puisse être élu pape, dans la pratique, le choix se porte toujours sur un membre du conclave. Il est interdit de voter pour soi-même. En théorie du moins, car aucune vérification n’est possible.
Tour à tour, dans un ordre établi par ancienneté, les cardinaux s’avancent vers l’autel central de la chapelle Sixtine. Chacun déclare à voix haute : « Testor Christum Dominum qui me iudicaturus est me eligere in Summum Pontificem illum, quem secundum Deum iudico eligi debere », ce qui signifie : « Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu ».
Puis le cardinal glisse son bulletin, à l’aide d’un plateau, dans une urne en argent et bronze doré, posée sur l’autel.
LIRE AUSSI : Conclave au Vatican : qui élira le successeur du pape François ?
Dépouillement millimétré et triple vérification
Une fois le dernier bulletin déposé, les scrutateurs entament le dépouillement. Chacun des bulletins est ouvert, lu à voix haute, puis percé avec une aiguille et enfilé sur un fil pour en garantir le comptage. Pendant ce temps, chaque cardinal consigne les résultats sur son propre carnet.
Vient alors le tour des réviseurs, qui recomptent les bulletins et valident officiellement le résultat. Une fois ce travail achevé, les bulletins sont immédiatement détruits, une tradition ininterrompue depuis 1939. Ils sont brûlés dans un vieux poêle en fonte, au sein de la chapelle Sixtine.
Fumée blanche ou noire : le signe attendu par le monde
Pour informer le monde du résultat, une poignée de ballots humides est ajoutée au feu. Si aucun pape n’est élu (ce qui arrive souvent lors des premiers tours), la fumée qui s’échappe est noire. Si un nouveau pontife a été désigné, elle est blanche : « Habemus Papam ».
Le rituel est ancien, codifié, mystérieux — à l’image de l’institution qu’il sert. Mais dans cette mécanique d’une précision millénaire, chaque voix, chaque geste, chaque souffle compte.
Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici.
Views: 14